Réunion de l'Automne

Elle marchait lentement, la tête haute, jusqu'au milieu de la salle. Il y avait cinq siège autour de la table circulaire, la Table du Destin. Elle s'assit sur le fauteuil en velours blanc, solanelle. Un par un, les quatres rois prirent place sur les fauteuils qui leur étaient attribués : bleu pâle, bleu foncé, vert et pourpre. Quand enfin tout le monde fut installé, il la regardèrent avec respect, attendant qu'elle prenne la parole.
La Guérisseuse parlait toujours en première.
Elle pesa donc bien ses mots avant de commencer d'une voix neutre, ouvrant ainsi la réunion :
"L'été, la saison que nous venons de traverser, fut très calme et heureuse pour les habitants de la Forêt de Jade, leur permettant de se remettre de leurs malheurs, de renaître de leurs cendres. L'automne sera moins doux, certes, mais profitez en bien... Prenez gardes, elfes ! L'orage se prépare, au loin, et pèse au dessus de votre quiètude, qu'il ne tardera pas à rompre, prenez garde...
Elle s'interrompit, fermant les yeux pour revoir les évenements sinistres de l'avenir qui lui étaient apparus, avant de les rouvrir en les braquants sur Yuböa, la plus jeune reine, qui venait d'être nommée.
"Parle, reine des cieux, parles et n'aies pas peur de la vérité."
Elle regarda ensuite tour à tour les trois autres souverains en prononçant leurs noms.
"Kaede, Aradan... Kloa... Vous aussi, vous parlerez sans crainte, et dans l'ordre que je viens d'énoncer."
Les souverains trésaillirent à peine sous son ton impérieux et gardèrent le silence, laissant la jeune reine des Elfes de l'Air s'exprimer.

"Parle, reine des cieux, parles et n'aies pas peur de la vérité."

Je devins cramoisie. Moi qui, enfant, aurait tout donné pour assister à cinq minutes du conseil, aurait préférer être dans le bec d'une chouette que dans cette salle, devant la guérisseuse et les souverain des royaumes des elfes. Tous se bousculait dans ma tête : pourquoi se fichu Arbre Sacré m'avait choisie ? Pourquoi la guérisseuse m'avait dis de parler en première ? Et le pire c'était que tous les autres roi et reine me regardait, attendant que le me mette à parler . Je prononçait enfin ces mots d'une voix que je ne voulait pas trop hésitante :
- Comme vous l'avez déjà dit, l'été fut une saisons très heureuse, et de nombreux membres ont rejoint la communauté. Mais quel est donc ce malheur dont vous parlez ? Une guerre, une famine, une épidémie, où autre chose de plus terrible ? dis-je en s’adressant à la guérisseuse .Je ne pense pas que se sois une guerre, nous n'avons pas d'ennemis en cette période pacifique, du moins à ce que j'en sais . Mais...en ce qui concerne les épidémies , peut-être que les fièvres sombres reviendront cette année ?
Je rougit de plus belle et regardait Kaede, espérant qu'elle se mette à parler.

Je regardais Yuböa et elle me regardait. Moi, j'attendais la suite, et elle ne venait pas. J'ai eu un flash, et en murmurant précipitamment un "Ah...euh...oui !" tout en réfléchissant à mon discours, je déclarai :
-Et bien... Euh, Oui, l'été a été très calme et paisible, sans autre incident que celui de la branche, au bas de mon Village, et qui n'a, qu'Assa en soit remerciée, provoqué aucun mort. Au sujet de cet orage, j'espère profondément qu'il ne s'agit pas des fièvres sombres, car nous ne sommes pas en mesure d'affirmer notre survie en cas de prochaines épidémies.
Je fit une pause, et remémorant mes paroles, je maudis un instant la Guérisseuse de pousser son entourage à la franchise, alors que passer sous silence cette affirmation n'aurai sans aucun doute pas provoquer ce malaise qui plainait en ce lieu. Bien entendu, le sentiment de respect total envers notre Oracle reprit place expressivement. Je continuai :
-Par ailleurs, si une guerre devait éclater, sachez, souverains, que mon Peuple, ainsi que le reste de la Forêt, possède des guerriers hors-pairs, et que nous serons tous capables d’arrêter un quelconque envahisseur.
Je m’arrêtai, laissant le temps aux autres de respirer, fermai les yeux et me radossai sur mon siège de velours vert, laissant clairement entendre que j'avais terminé. Je savais que cette allusion à mes guerriers hors-pairs était suffisamment faible pour ne pas être prise pour une sorte de déclaration de guerre, mais les autres rois (Yoböa, elle est jeune donc je ne sait pas trop) avaient compris que si l'un d'entre eux avait ou aurai une quelconque intention de me faire la guerre, je ne me laisserai pas marcher sur les pieds.
C'est donc avec la satisfaction d'un discours réussi, quoi que légèrement pessimiste, que j'attendis que le prochain prenne la parole.

Je m'éclaircis la gorge, avant d'entamer mon bilan :
"Mon peuple se remet bien de la fièvre noire, mais hélas, quelque chose de tragique est arrivé aux Elfes du Feu. Il y a plusieurs jours, une jeune elfe du nom de Eamï a été retrouvée, un matin, dans son lit, inconsciente, et personne n'a su la tirer de son sommeil. Plongée dans un coma profond, elle respire, et vit néanmoins, comme si elle dormait. Nos spécialistes ont déclaré une maladie, revers et dernière trace de la fièvre noire, raison pour laquelle ils ont nommé ce mal fièvre grise. Prions pour que cette maladie ne soit pas contagieuse. La jeune fille a été mise en quarantaine, mais après tout, peut-être n'y a-t-il pas lieu de se faire du soucis, peut-être n'Est-ce qu'un cas isolé... même si mon instinct me souffle le contraire. Les Elfes du Feu ne comptent plus qu'une quarantaine de membre, et une telle épidémie pourrait leur être fatale."
Il s'interrompit, réfléchit un instant en se grattant le menton, mais il lui semblait avoir terminé son sinistre compte-rendu. Il leva la tête, et dévisagea tour à tour les trois autres meneurs, avant de conclure :
"Prions, elfes."

Je m'éclairci la gorge avec un petit sourire timide. Je pris la parole :
"Pour mon royaume, rien à signaler. Pas de maladies. Pas d'ennemis. Pas de problèmes. Tout va bien !!!"
Je souris, fière de ma tirade qui allait droit à l'essentiel.

"Ainsi fut-il. Allez, rois et reines, regagnez vos domaines. Mais prenez garde. N'oubliez pas que la noirceur n'est jamais loin, durant les lunes à venir plus qu'il n'est possible d'imaginer. Surveiller vos arrières, souverains, le danger rôde..."
La Guérisseuse se leva et sortit de la pièce.